Description
Quatrième de couverture
Depuis les Balkans jusqu’au Moyen-Orient, de 1913 à 1918, l’Empire ottoman connaît les déchirements d’un déclin auquel la Grande Guerre mettra un terme terrible.
« — Mon pacha, pourriez-vous me dire pour quelle raison nous sommes entrés dans cette guerre ? — Pour pouvoir payer les salaires ! «
Paroles cyniques, bien réelles, d’un homme, Djamal Pacha, commandant de la IVe armée, qui dirigea d’une main de fer le Moyen-Orient à cette époque. Avec Enver Pacha et Talat Pacha, il fut l’un de ceux qui, à la tête de l’Empire ottoman après la révolution des Jeunes-Turcs, le précipitèrent dans le chaos et causèrent finalement sa débâcle.
Cette débâcle, c’est précisément la plume de Falih Rîfkî Atay, alors jeune officier dans l’état-major de Djamal Pacha basé à Jérusalem, qui va nous la rendre réelle à travers ses récits, ses anecdotes empruntées au quotidien. Un jour, face à une mère qui implore : « — Avez-vous vu mon Ahmet ? » l’auteur avoue son impuissance… « Qu’est-ce qui extermina ton Ahmet ? s’interroge-t-il : les glaciers, le sable, l’eau, les plaies du scorbut ou les poux du typhus ? Même si ton Ahmet avait pu sauver sa peau de toutes ces calamités, il serait tellement méconnaissable que tu lui demanderais aussi : “As-tu vu mon Ahmet ?” »
Passage émouvant où affleure l’écriture sensible de Falih Rîfkî Atay, matière d’un témoignage rare et panoramique sur une époque, sur une région et sur ses peuples : Turcs, Arabes, Juifs, Arméniens…, tous acteurs d’un front méconnu de la première guerre mondiale.
Falih Rifki Atay (1894 – 1971), considéré comme l’un des plus grands éditorialistes et écrivains turcs, Falih Rifki Atay fit des études de littérature à l’université d’Istanbul. Il se tourna ensuite vers le journalisme et commença en 1913 sa carrière au sein du quotidien Tanin (L’Écho). Pendant la première guerre mondiale, il devint officier de réserve affecté, à la demande du grand Djamal Pacha, au quartier général de la IVe armée. Il fut le triste témoin de ce conflit qu’il vécut sur différents fronts, en Palestine, dans le Sinaï et en Syrie. Après l’armistice, il fonda le quotidien Aksam (Le Soir), soutien actif de la guerre de Libération. Il devint alors un proche de Mustafa Kemal Atatürk qu’il a toujours soutenu dans ses réformes et leur continuité. C’est dans cette même optique qu’il fonda en 1952 le quotidien Dünya (Le Monde). Ses souvenirs, servis par une plume exceptionnelle, sont une source de renseignements importante sur son époque et sur la vie d’Atatürk.